À la suite d’une consultation chez un psychologue, le diagnostic est tombé, la raison de pourquoi j’avais pris autant de poids ces dernières années s’est résumé à un mot : « L’hyperphagie ». Au premier abord, je ne mesurais pas que ce simple mot avait en réalité des répercussions sur ma façon d’être au quotidien, j’avais développé une réelle dépendance pour la nourriture sans être capable de mettre des limites dans le simple but de pouvoir refouler mes émotions.
L’hyperphagie est un trouble du comportement alimentaire (TCA) qui consiste en une attitude de surconsommation alimentaire n’étant pas motivée par la faim. L’hyperphagie est peu connue de tous, car il ne s’agirait pas à proprement parler d’un besoin physiologique, métabolique ou énergétique mais d’un dérèglement psychologie ou d’une atteinte affective.
Depuis un certain temps, mon comportement alimentaire à radicalement changer, je me suis réfugiée dans la nourriture à des fins de consolation. Ces crises, incontrôlables, surviennent généralement lorsque je suis seule, le soir. Inconsciemment, dès qu’une petite chose me chagrine un peu, cela prend des proportions énormes et me met dans des états seconds. Pour pallier ça, je me dirige directement dans la cuisine pour manger afin d’apaiser cette douleur que je ressens au fond de moi. Les émotions se mêlent constamment, la culpabilité, la honte, la haine, et cela ne fait qu’intensifier ses crises passagères.
Lors de mes crises, je ne mange pas par plaisir, ni par envie, je mange jusqu’à ne plus en pouvoir parce que c’est le seul moyen pour moi de mettre un terme à la crise. Mais après chaque crise c’est la même chose : je m’en veux d’agir comme ça, je me sens comme une merde, je me mets à penser à toutes ses filles qui ont une « taille mannequin » et que je moi je suis incapable de tenir un régime à cause de ces crises, que je ne suis pas attirante, que je n’ai pas confiance en moi, que je suis bonne à rien, moche, repoussante … Le reste de la soirée, je l’a passe généralement à culpabiliser, pleurer, et essayer d’attirer l’attention de mes amis pour trouver du réconfort.
C’est un cercle infernal qui peut survenir suite à une petite contrariété comme par un événement émotionnel fort. Cependant à premier abord, personne à part moi-même ne peut se douter de ce que je vis au quotidien, à défaut d’en parler et mise à part une prise de poids aucun signe ne peut montrer à mon entourage que je ne vais pas bien, je suis seule contre ses crises.
Aujourd’hui, il n’y a que quelques personnes qui sont réellement au courant que j’ai un trouble du comportement alimentaire car j’ai toujours été une personne rayonnante qui ne montre jamais ou très rarement un signe de faiblesse autre qu’à mes meilleurs amis. Mais je sais que si aujourd’hui j’essaye d’aller mieux c’est parce que je peux mettre un nom sur ce qu’il m’arrive et qu’avec l’aide d’un psychologue et du soutien de mes amis, j’essaye de pouvoir les gérer et prévenir les crises, ce qu’avant j’étais incapable de faire.
Alors bien évidemment, le processus de guérison est long, et il y a encore certains soirs où mes crises sont très fortes mais je trouve un autre moyen de me consoler, j’écris, j’écris ce que je ressens sur tous les sujets qui me passent par la tête mais surtout j’écris sur moi, pour mieux me connaitre, mieux discerner les choses et c’est vrai que cela me fait du bien. Ça me permet de libérer certaines émotions, certains poids que j’ai sur le cœur ou sur la conscience et cela participe à la réduction de mes crises.
L’hyperphagie est un trouble du comportement lié en majeure partie aux émotions, à ce que l’on ressent et surtout à ce que l’on vit. J’ai compris que d’en parler autour de soi, recevoir du soutien des autres et échanger avec des personnes qui souffrent du même trouble ou qui s’en sont sorti me conforte dans l’idée que je peux moi aussi reprendre un mode de vie sain et que je peux me sortir de ce cercle infernal. Il faut apprendre à vivre avec ses émotions et ne pas refoulés ce l’on ressent.
Carla Isr.