”Au lieu de vouloir à tout prix aimer son corps, visons la "body neutrality"
Valentine PétryRédactrice pigiste beauté
Le chemin vers l’acceptation de soi est une aventure, qui nécessite du temps et de l’attention. Sept pistes pour comprendre son corps et le juger moins durement.
Vous focalisez sur un détail de votre corps, qui parasite vos pensées régulièrement ? Vous êtes loin d’être la seule : 63% des Françaises, 38% des Italiennes et 47% des Allemandes de 25 à 34 ans affirment être complexées par leur image, selon un sondage réalisé cette année par Lalalab avec OpinionWay. Les choses changent petit à petit : le mouvement body positive a amené de la diversité les médias. De nombreux activistes militent et martèlent pour rappeler que chaque corps et beau
et aimable. Mais sans virer dans la positivité toxique, on peut aussi accepter que cette relation est complexe et en constante évolution. «Plutôt que de vouloir absolument l’aimer on peut plutôt viser la «body neutrality», c’est-à-dire avoir une relation neutre avec son corps, nuance Laurence Haurat, psychologue nutritionniste et auteur de Et si vous trouviez (enfin) votre poids idéal ? aux éditions Eyrolles.
7 pistes pour aller vers l’harmonie
En somme, on comprend son corps et on prend soin de lui pour qu’il nous permette de nous accompagner dans les activités qui nous intéressent. Sans adorer chaque détail, on a une relation confortable avec lui. «D’ailleurs, les personnes en paix avec leur enveloppe corporelle, souvent, n’y pensent pas vraiment», note Laurence Haurat. Pas facile mais pas impossible.
1 – Stopper les pensées négatives
On a parfois tendance à considérer toute notre anatomie comme un fardeau. “Votre corps c’est vous : il a de la valeur, donc vous avez de la valeur”, rappelle Anne Sixtine Pérardel, conseillère en vie affective et sexuelle, auteure de Révolutionner sa vie affective, aux éditions Artège. Un des exercices qu’elle propose est très simple : nommez cinq parties de votre corps que vous aimez. “Ainsi, on apprend à regarder les détails, poursuit-elle. Un grain de beauté bien placé, la taille des mains… On retrouve un regard de bienveillance et cela casse le cycle de la généralisation négative, du type «je suis moche ».”
Le but ? On se force à voir la beauté et fait le choix d’avoir un regard positif. Quand les pensées négatives reviennent, on analyse pourquoi : qui a blessé notre regard, a-t-on vécu des humiliations ? “L’enjeu c’est de comprendre nos habitudes, affirme-t-elle. Portez attention vos émotions. Et cherchez plutôt à les apaiser.” Cela peut être un carré de chocolat, un bon bain ou une sieste sans culpabilité.
2 – Ne pas se considérer comme défaillante
Aimer son corps est devenu une injonction. On peut se sentir «nulle» de ne pas réussir. Mais ce n’est pas aussi simple. «L’estime de soi est avant tout une histoire extrêmement personnelle, qui dépend des normes esthétiques et sociales, mais aussi de ce que l’on attend de notre corps, rappelle Laurence Haurat. La moitié des patientes qui consultent ont vécu un traumatisme, une agression, un accident, des abus, ou de la violence». Au niveau sociétal, on estime qu’un tiers des femmes ont vécu ce type d’expérience. Dans ces cas-là, c’est parfois le corps qui exprime le traumatisme et devient parfois un ennemi que l’on a du mal à regarder. «Il faut d’abord comprendre que l’on n’est pas défaillante si on ne s’aime pas, et accepter que cette relation est complexe. On peut se demander ce que l’on a vécu et quelles peurs cela cache. C’est un point de départ», rappelle Laurence Haurat.
3 – Dénouer des enjeux de l’enfance
Il s’agit de remonter aux racines d’un complexe particulier. L’hypnothérapie transformationnelle rapide (RTT) a été créé pour aider les femmes à se libérer de leurs compulsions, après des traumas ou gérer des complexes. “On utilise la transe régressive pour trouver la source du symptôme et on demande à l’inconscient d’où vient soit ce manque de confiance en soi soit le sentiment de vulnérabilité. On retourne dans le cerveau primitif et on comprend le mécanisme de l’enfance pour le déprogrammer et le reprogrammer pour trouver des solutions en accord avec la femme que vous êtes aujourd’hui”, explique Marielle Alix, coach transformationnelle holistique. Elle propose ensuite un enregistrement à écouter pendant 21 jours pour reprogrammer le cerveau et un suivi pendant six mois pour ancrer cette dans le quotidien. Attention, il ne s’agit pas non plus de «s’inventer» à tout prix des traumatismes qui n’existent pas !
4 – Collecter ses qualités
Le désamour de son corps cache souvent une tension générale. Pour y remédier, on peut faire la liste des champs dans lesquels on se réalise : dans la famille, les relations amicales, la vie professionnelle, la vie artistique…. “Quand on se sent mal, le corps prend toute la place et les autres pièces du puzzle ont une valeur moindre. Il faut essayer de redonner une taille plus importante à ces éléments. Certaines femmes banalisent les domaines de réussite, par exemple : «je suis une bonne manageuse mais c’est normal, je suis payée pour ça.” Ou : « j’ai fait de bonnes études mais je n’ai pas de mérite, mes parents m’ont aidée », décrypte Laurence Haurat. Elle propose d’utiliser le livre 50 exercices sur l’estime de soi de Laurie Hawkes aux éditions Eyrolles mais l’aide d’un professionnel est évidemment utile pour repérer et faire face à nos croyances limitantes.
5 – Se (re)mettre en mouvement
Cela n’est pas forcément simple (65 % des salariés en télétravail selon le sondage IFOP pour Urban Sports Club en février dernier). Pourtant le mouvement participe à changer notre regard. On peut marcher et remercier son corps de nous avoir mené d’un point A à un point B. Ou trouver une discipline qui nous aide. “Je travaille surtout sur la compréhension du corps, car certains de mes élèves en sont très déconnectés, rappelle Ylan Pham, qui a fondé le studio Body Positive Yoga à Paris pour apporter plus de diversité dans la pratique. Le mouvement nous rappelle qu’on est capable de faire des choses insoupçonnées.”
Les cours se déroulent devant un miroir et elle attire l’attention des élèves sur les gestes qu’ils réussissent. Bref, votre ventre qui ne vous convient pas possède aussi des muscles, qui peuvent faire des choses. “Le tout est de trouver un(e) prof bienveillant capable de vous mettre à l’aise”, rappelle la coach.
6 – Prendre de la distance avec les diktats santé
Être forte, healthy, a pris le pas sur les considérations esthétiques. “L’injonction à la santé est très intériorisée par les femmes, qui culpabilisent sur leur mode de vie par exemple”, rappelle Laurence Haurat. Même si ces normes partent d’une bonne intention, elles peuvent faire des dégâts. “On est sous une forme d’emprise sociétale dont il faut se délivrer. Il y a un vrai travail de déconstruction à faire pour réussir à envisager son corps comme un individu avec ses spécificités.” Elle conseille également d’arrêter de s’excuser. “On parle beaucoup de la prise de poids due aux confinements, mais on ne devrait pas se justifier : notre corps évolue d’un bout à l’autre de la vie”, résume-t-elle.
7 – Soigner la partie mal-aimée
On ne compte plus sur les bénéfices du massage, pour réduire le taux de cortisol, améliorer la qualité du sommeil, booster le système immunitaire… Bref, massez-vous, surtout, n’oubliez pas la partie qui vous déplait ! “De nombreuses clientes ont des complexes sur leurs pieds alors que c’est l’une c’est l’une des parties que l’on peut modifier le plus facilement, avec une crème ou un vernis à ongles. On a tendance à faire comme si elle n’existait pas, mais il faut justement en prendre soin !”, rappelle Anne-Sixtine Pérardel.